UNE OEUVRE SCULPTÉE

PRÉSENTER UNE OEUVRE SCULPTÉE

Les œuvres sculptées sont toutes celles qui, à l’aide de différentes techniques, proposent la représentation d’un sujet en utilisant la troisième dimension alors que le peintre travaille dans l’espace bi-dimensionnel d’une surface.

I.                     PRÉSENTATION DE L’OEUVRE

On se reportera pour les quatre premiers points à la fiche sur les œuvres picturales
1. Le genre 

2. Le titre de l’œuvre

3. La datation 

4. L’artiste

5. Le contexte de réalisation :

Comme pour les œuvres picturales, la question de la commande permet de rappeler le contexte de production d’une œuvre. 
On insistera sur le lieu précis auxquelles les statues étaient destinées et sur leurs éventuels déplacements
Ec.  il n’est pas indifférent de savoir que la Judith qui tranche la tête d’Holopherne avait été commandée par Pierre de Médicis pour une fontaine du jardin du palais des Médicis en 1453 mais qu’après son  éviction de la ville lors du gouvernement théocratique de Savonarole, ce groupe a été déplacé devant le Palazzo Vecchio où il se trouve aujourd’hui : le but était d’exalter les vertus républicaines de la ville.
Ex. De même les statues, bas-reliefs aujourd’hui conservées dans un musée étaient prévues pour une façade, des jardins, une église.
Il faut préciser si cela est possible leur emplacement originel : au sol, en étage. En effet, les statues destinées à être vues en contre-plongée subissent de la part des artistes des déformations volontaires : l’allongement du buste notamment pour compenser l’effet d’écrasement d’une vue par en bas ; ceci est visible à Florence sur les statues provenant de la cathédrale et conservées dans le musée de l’œuvre du dôme (par exemple le Saint Jean l’évangéliste de Donatello et le Saint Luc de Nanni di Banco).


6. Type de sculpture

On distingue trois types de reliefs :
  • En ronde-bosse (une statue dont on peut faire le tour)
  • En haut-relief quand les reliefs sont sculptés sur une plaque de pierre ou de métal et que les personnages sont presque complètement dégagés du fond 
    •  par exemple les personnages de premier plan des portes du paradis de Ghiberti, la frise des angelots de la cantoria (tribunes des chantres) de Donatello.
  • en bas-relief : les personnages sont en léger  relief sur le fond 
    •  par exemple la même œuvre pour les personnages de second plan.
  • en relief « schiacciato » (« écrasé ») souvent réservé aux arrière-plans : le relief est à peine esquissé comme sur une médaille (la prédelle du Saint Georges de Donatello montre une des première perspective et l’artiste a utilisé cette méthode dans la scène  avec le dragon)

7. Le matériau utilisé
Cinq types de matériaux principalement :
  • La pierre, souvent le marbre blanc de Carrare, pierre qui résiste bien aux agressions de l’extérieur.  (le David de Michel-Ange)

  • La terre cuite : pour les bustes de Donatello le Saint Laurent dans la vieille sacristie de San Lorenzo ou celui de Nicolas da Uzzano au Bargello)

  • La céramique émaillée (bleue et blanche des della Robbia) qui a été abondamment utilisée pour décorer des bâtiments.

  • Le bronze : alliage d’étain et de cuivre les David de Verrochio ou de Donatello.

  • Le bois : la Madeleine de Donatello (Opera del Duomo)

II. DESCRIPTION ORDONNÉE DE L’ŒUVRE

1. Le sujet et l’identification des personnages.

Voir la bibliographie conseillée sur la fiche des œuvres picturales

2. La composition

S’il s’agit d’un relief sur une plaque (les portes du paradis, les panneaux de la chaire d’Andrea Pisano), la démarche est la même que pour une œuvre picturale.
S’il s’agit d’une ronde bosse, la question se pose s’il s’agit d’un groupe sculpté :
Ex.  l’enlèvement des Sabines de Jean de Bologne (loggia des Lanciers à Florence) est composé suivant un schéma pyramidal doublé d’une composition en spirale.
On précise aussi s’il s’agit d’un buste, d’une statue en pied, d’un gisant (sur un tombeau) si la statue s’insère dans une niche, se place sur un socle qui lu- même comporte des éléments décoratifs ou narratifs
Ex. pour Persée, Cellini conçoit un socle monumental composé de quatre niches où prennent place de petites statues Mercure, Minerve, Jupiter, Danaé mère de Persée, un bas-relief en bronze raconte la libération d’Andromède par Persée.
Certains attributs sont à identifier 
Ex. le Bacchus ivre de Michel –Ange au Bargello est accompagné d’un bouc, animal essentiel du cortège dionysiaque.

3. L’attitude  ou la posture du personnage.

Il faut caractériser le mouvement, la position du corps mais aussi les tensions suggérées : on repérera notamment le fameux contrapposto réintroduit à la Renaissance (en fait il a été utilisé par les sculpteurs de la Grèce classique, Polyclète notamment) qui désigne l’attitude d’une personne qui a ue jambe tendue qui supporte son poids tandis que l’autre est relâchée. Il en résulte un déhanchement naturel et élégant.
Ex.  Les David de Donatello ou de Michel Ange en sont les parfaites illustrations.
Analyser la façon dont est rendue la tension des muscles, ou au contraire le relâchement (comment Michel Ange donne-t-il du poids au corps du Christ mort dans sa descente de croix de la piéta Bandini ? Comment fait- il sentir le l’équilibre instable de son Bacchus ivre ?)
On peut aussi rechercher l’équilibre des masses, c’est un problème très concret qui se pose au sculpteur : comment « faire tenir » le personnage pour peu qu’il soit dans une position difficile ? 
Ex. Le Mercure de Jean de Bologne au Bargello est un tour de force à cet égard. On identifie aisément l’axe vertical de la jambe tendue et les deux contrepoids du bras et de la jambe levée.
L’étude des drapés qui soulignent les corps participe à cette analyse, la sculpture religieuse de l’art gothique y accorde une place importante.

4. La technique

Ici c’est la connaissance d’un vocabulaire spécifique qui est indispensable :
  • pour le marbre.
- le bloc grossièrement sculpté est épannelé avec un marteau à double tranchant.
- Puis une pointe ou pointerolle permet de dégager les formes en traçant des sillons qui seront aplanis par l’usage de ciseaux droits  ou de la gradine (ciseau denté).
Les finitions  se font avec des râpes de plus en plus fines; le polissage est obtenu avec de la limaille de fer, du sable contenus dans des tampons, ce sont ces dernières opérations qui donnent au marbre son aspect brillant parfois proche de l’ivoire.
Ces instruments sont repérables lorsqu’une statue a été volontairement ou non laissée inachevée (c’est la cas de plusieurs œuvres de Michel-Ange qui recourt au « non-finito ») ; les esclaves , le tondo Pitti  sont didactiques à cet égard.

  • Pour le bronze c’est la méthode de la fonte « à la cire perdue »

Un modèle de terre cuite est réalisé, il est recouvert par une couche de cire où le sculpteur peut dessiner les détails les plus fins ; ce noyau est recouvert par une potée : mélange de sable et de plâtre en couche successive ; l’ensemble reçoit une armature de fer pour lui donner une cohérence, cette armature est à son tour recouverte de potée.
On a ainsi une structure composée d’un noyau dur, d’une couche de cire tendre délicatement sculptée et d’une carapace dure (la potée) dont la couche interne reproduite en creux les dessins de la cire.
Le métal en fusion va prendre place entre le noyau et la potée.  Un statue est donc creuse à l’intérieur (place du noyau de terre cuite)
La technique consiste à placer à  travers la potée et  en contact avec la couche de cire de petits tuyaux qui permettront de verser le métal en fusion (les « jets » tandis que d’autres « les égouts » permettront l’évacuation de la cire.)
On chauffe le moule à 300°c la cire s’écoule par les égouts laissant un vide que le métal en fusion (1000°) va combler.
On laisse refroidir pendant plusieurs jours et on casse la potée. Il faut ébarber (enlever les jets et les égouts), compléter les manques de métal qui sont des accidents de coulée.
Les grandes statues étaient coulées en plusieurs pièces, il faut donc ensuite les souder ensemble. On ajoute aussi les détails (armes, bijoux, couronnes, feuillages)
Le travail de polissage et de patine achève ce travail d’atelier ou pour entretenir le feu il faut des équipes et un savoir faire très technique de métallurgiste.

III.                ANALYSE DE L’OEUVRE


On finit par la signification de l’œuvre, l’impression qui en résulte  et par l’identification du style auquel elle appartient.  Se reporter à la fiche sur la présentation des œuvres picturales pour ce dernier aspect. 

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