UN BÂTIMENT
PRÉSENTER UN BÂTIMENT (méthodologie)
La fiche repose sur des exemples choisis à Florence ;
I. IDENTIFIER LA CONSTRUCTION.
1. Son nom :
En général pour une
église, il s’agit du saint auquel elle est consacrée (penser dans ce cas à
préciser de qui il s’agit ex. qui est Saint Laurent ? une des dévotions
des Médicis ?)
Les palais portent le nom de la famille qui les ont fait
bâtir ou bien le nom de la fonction politique qu’ils abritent : palais
public, seigneurie, tour du podestat à San Gimignano. Parfois un bâtiment peut
porter un nom particulier (la tour de la Mangia à Sienne, le Bargello à
Florence)
2. Sa date de construction
Cette question suppose du discernement dans la mesure où des
périodes différentes sont associées dans une même construction. Il faut distinguer
les grands ensembles :
ex pour Santa Maria del Fiore, une
nef et un transept du XIVe siècle , une coupole du XVème, une façade de marbre
du XIXe siècle.
Un chantier a souvent duré sur des années, voire des siècles
pour les grands édifices.
3. Sa fonction
religieuse, civile, résidentielle, défensive,
commerciale…
Plusieurs fonctions peuvent coexister dans un
même monument (fonction défensive et résidentielle des palais par exemple)
4. Son ou ses
architectes.
Parfois leur succession signifie un arrêt, une reprise de
chantier, un changement de plan.
Ainsi il faut dire
qu’un plan originel a été modifié
Ex. le portique de Brunelleschi pour
l’hôpital des Innocents a vu le dessin sobre du grand architecte modifié par
son successeur Francesco della Luna.
5. Son commanditaire
Dans le cas d’un établissement ecclésiastique, il peut s’agir
d’un ordre monastique, comme les Dominicains ou les Franciscains, d’un évêque
pour une cathédrale mais aussi d’un mécène comme l’art de la soie qui commande à
Brunelleschi le portique de l’hôpital des
Innocents à Florence.
6. Sa localisation
Notamment dans la ville telle qu’elle était à l’époque où il
a été bâti pour retrouver la logique de sa situation à l’origine
Ex.les églises des ordres mendiants
sont souvent situées à la périphérie de la ville car construites plus
tardivement (au XIII e XIVe s.) que les premières paroisses.
Un couvent, aujourd’hui en centre-ville,
pouvait se situer hors les murs au XVe siècle.
II ANALYSER LA
CONSTRUCTION
1. Le plan
Pour une église, on parle de plan en croix latine ou en croix grecque (plan centré dans ce dernier cas). Caractériser le mur du chœur
(appelé aussi le chevet si on le voit de l’extérieur) : semi-circulaire ou
à mur droit dit aussi en « tau », qui est
la dix-neuvième lettre de l’alphabet grec, ce qui fait une croix
« sans tête » caractéristique des églises franciscaines comme
Santa Croce à Florence (le tau était la croix de Saint François).
Un palais italien est souvent de forme cubique construit
autour d’une cour ou cortile qui
s’apparente à un cloître.
Donner quelques dimensions peut être utile (sans s’y perdre)
pour disposer d’éléments d’échelle.
2. L’élévation
Il faut repérer le nombre d’étages ce qui est évident pour
une construction civile (maison ou palais). Mais parfois la notion d’étages est
plus complexe pour une façade d’église, on parlera de niveaux : portails
du rez-de-chaussée, galerie au-dessus, rosace qui s’inscrit dans le triangle de
la toiture pour une cathédrale (mais il y a de nombreuses variantes).
Pendant la Renaissance la citation des formes de l’Antiquité
fait réapparaître colonnes, pilastres et frontons (triangulaires
ou curvilignes s’ils sont courbes) sur la façade des églises. Par contre la
toiture des bas-côtés est cachée en façade par une forme nouvelle inventée par
Alberti : les deux volutes qui
cachent l’angle rentrant entre la toiture de la nef centrale et celles plus
basses des deux bas-côtés. Cette invention apparaît pour la première fois sur
la façade de Santa Maria Novella à Florence.
La coupole ou dôme
couronne la croisée de transept. Le
mot dôme (domus dei) désigne la cathédrale en italien (le duomo) mais désigne aussi en français
le volume demi-cylindrique qui a tant fasciné les architectes de la
Renaissance. Parler de coupole évite l’ambiguïté ; en fait sa forme est
souvent ovoïde comme la coupole de Brunelleschi.
La coupole repose sur un tambour
cylindrique, elle est surmontée d’une lanterne
ou lanternon qui assure l’éclairage naturel de l’intérieur de la coupole.
Les palais florentins sont surmontés par une très grosse corniche en saillie (palais Strozzi)
On parle de rythme de
la façade. Celui-ci est déterminé par l’espacement des ouvertures, par la
présence de piliers, d’arcs, de moulures, de corniches. Tous ces éléments qui
ponctuent la façade constituent les modénatures
qui ponctuent et déterminent les proportions d’une façade
Dans tous les cas il faut être capable de montrer quelles
sont les lignes dominantes :
verticales si on a une superposition de pilastres
ou de colonnes, horizontales si ce
sont les corniches et les éléments
de moulures et les frises
qui dominent.
Cette recherche des
lignes de construction doit permettre de mettre en évidence des figures
géométriques simples que les architectes de la Renaissance ont toujours
employées (le carré,
le rectangle le cercle). Un croquis
à partir d’une photo sur laquelle on dessine permet de repérer et de montrer ces formes de base. Ainsi la
façade de Santa Maria Novella,
dessinée par Alberti, est-elle constituée de 3 carrés qui s’insèrent dans un
grand carré.
3. Le matériau employé
La brique
caractérise les bâtiments de Sienne. Elle peut être recouverte de marbres (blanc de Carrare, vert de
Prato, rouge de Maremme.) sur la façade des églises italiennes.
A Florence, la pierre grise (une pierre de grès) appelée pietra serena a permis aux architectes
de dessiner les façades en faisant ressortir cette pierre sur des murs clairs
(le décor de l’église San Lorenzo repose sur ce principe).
S’il ne s’agit pas d’une
façade couverte d’un enduit, mais
d’une façade de pierre, la taille de la
pierre est à analyser. Le parement (façon
dont la pierre est taillée) saillant d'une pierre sur une façade est appelé le bossage. Il peut être « rustique »
c’est-à-dire volontairement dégrossi de façon sommaire au rez-de-chaussée des
palais (le palais Médicis-Ricardi)
pour évoquer une forteresse mais il s’affine dans les étages supérieurs. Cela
crée des effets décoratifs et permet de distinguer l’étage noble.
4. Les ouvertures permettent aussi de caractériser un style
Arcs romans
(le baptistère ou l’église San
Miniato à Florence ) ou les arcs
brisés en ogive du gothique (palazzo
publico de Sienne) ; les arcs
siennois, complexes sont composés d’une ogive dans laquelle s’insèrent des arcs polylobés comme des feuilles de
trèfle.
Mais il faut savoir que les architectes de la Renaissance
dénigrent l’art gothique (c’est à cette époque qu’on donne à ce style ce nom
péjoratif : art des Goths, donc des barbares…) car ils exaltent
l’Antiquité qu’ils idéalisent ; ils renouent avec les arcs en plein cintre
(la façade du palais Rucellai à
Florence ou celle du palais
Médicis-Ricardi) et les arcs brisés disparaissent.
Une fenêtre surmontée d’un arc mais divisée en deux par un
pilier est dite géminée, c’est à
dire jumelle
5. Une multitude d’éléments peuvent constituer le décor.
Mosaïques dans un tympan (partie plane qui
surmonte un portail d’église et s’inscrit dans un arc)
Statues dans des
niches, vitraux, céramiques blanches et
bleues de della
Robbia.
S’il s’agit de colonnes ou de pilastres surmontés de
chapiteaux, il faut savoir les nommer (dorique,
ionique corinthien, toscan).
Le fût des colonnes
ou des pilastres peut être lisse ou cannelé.
Toutes cette
description permet de conclure en disant à quel style appartient l’édifice. On
peut aussi dire en quoi une construction est novatrice (si elle l’est !),
ou bien quels édifices l’ont influencée : la coupole du Panthéon de Rome est la
lointaine ancêtre de celle du dôme de Florence, le Colisée inspire Alberti pour
dessiner la façade du palais Rucellai…
Rappel : les livres d’histoire de l’art
proposent souvent des croquis qui,
photocopiés, permettent de comprendre la structure d’un bâtiment, il faut
les utiliser et ne pas hésiter à dessiner dessus pour mettre en évidence les
formes de base des constructions.
Utiliser un lexique des formes
architecturales est indispensable.
- Dans la collection « La
grammaire des styles », Lemerle Frédérique et Pauwels Yves, l’Architecture de la
Renaissance,
Flammarion, est un fascicule très pratique
- Koch Wilfried Comment reconnaître les styles en architecture de la Grèce antique au
XXe siècle, Mosaik Verlag, 1997. Des dizaines de petits dessins permettent
de comprendre les définitions.
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