PRÉSENTER ET COMMENTER UNE ŒUVRE PICTURALE

Présenter et commenter une œuvre picturale lors du voyage de Florence


I. PRÉSENTATION DE L’OEUVRE

1. Le genre. :

·         Religieux  (vierges, crucifixion, cène, conversation sacrée quand plusieurs saints et saintes entourent une vierge…)
·         Historique (la bataille de San Romano aux Offices)
·         Mythologique (le Printemps de Botticelli)
·         Allégorique (la justice de Botticelli)
·         Le portrait (Frederico de Montefletre  par Piero della Francesca)
·         Le paysage est rare pendant la Renaissance, le genre apparaît surtout dans le nord de l’Europe au XVIe s
·         La scène de genre  (marine, paysans, intérieurs) surtout à partir du  XVIIe siècle

2. Le titre de l’œuvre.

Les titres peuvent varier suivant les sources, au Moyen Age et à la Renaissance l’artiste peint souvent un sujet connu de tous : une annonciation, une maesta, un cortège des mages. Les historiens de l’art ont pu préciser avec le lieu où était détenue l’œuvre par exemple la Maesta Ognissanti car peinte pour cette église. Seuls les livres d’histoire de l’art permettent de trouver ces précisions d’appellation.

3. La datation

Ne pas s’étonner du fait que plusieurs dates peuvent être mentionnées  suivant les livres pour une même œuvre. Cela reflète les incertitudes de datation et les débats savants entre historiens de l’art. Pour cette raison on dira souvent : « vers … »

4. L’artiste

- Son nom précis : à la Renaissance il peut y avoir des surnoms. Ainsi Fra Angelico est un surnom attribué à Guido di Pietro. Masaccio a pour nom Tommaso di Giovanni Cassa. Il faut donc ne pas se laisser désorienter.
- Préciser les dates du peintre et faire sa biographie sans la recopier ! Pour cela sélectionner 3/4/5 dates qui correspondent à des moments importants de sa vie (souvent il s’agit des villes où il a résidé) et s’obliger à construire la biographie simplifiée à partir de là.

5. Le contexte de réalisation

A la Renaissance il s’agit souvent d’identifier qui a commandé l’œuvre.  
À quel lieu était-elle destinée ? (si elle est aujourd’hui dans un musée)
Dans quel lieu se trouve-t-on ? ex. Il est important de réaliser que la fresque de Sienne Le bon et le mauvais gouvernement est dans une salle de conseil : l’œuvre est un exemple, un programme politique pour les élus qui y siègent.

6. La technique utilisée

La fresque sur un mur ou peinture « a fresco » sur un enduit humide.
Si on a retrouvé les traits de construction préparant une fresque qui a été décollée (c’est une technique courante pour préserver une œuvre menacée) on peut voir la sinope ou dessin préparatoire tracé au pinceau en rouge généralement qui a subsisté sou l’œuvre.
Enluminure de manuscrit.

La technique est à préciser : ainsi un tableau de chevalet pourra être peint à la détrempe ou « a tempera » jusqu’au XVe siècle mais progressivement la peinture à l’huile coexiste avec l’emploi de pigments à l’œuf.
Pour des œuvres religieuses on pourra aussi préciser s’il s’agit d’un polyptique (diptyque ou triptyque) 
On indiquera aussi le support utilisé : bois ou toile à partir du XVIe s. parchemin pour les manuscrits.




II. Description ORDONNÉE de l’œuvre

1. Le sujet

Ne pas confondre le genre ex : genre mythologique (voir plus haut) et le sujet du tableau, ex : la naissance de Vénus.

2. Identifier les personnages avec précision

Dans le cas de grandes compositions ce n’est pas toujours facile. Ainsi Le couronnement de la Vierge de Fran Angelico comporte une foule de saints et on se contentera de savoir identifier les plus importants. L’aide des ouvrages d’art est indispensable : avec l’habitude on sait immédiatement reconnaître un Saint Jean-Baptiste d’un Saint jean l’Evangéliste, une Marie-Madeleine d’une Vierg , un Saint Paul d’un Saint Pierre mais avant d’avoir cet «œil » il faut chercher dans les livres !

Les attributs des personnages vous guident facilement : instrument du martyre : Saint Laurent avec son grill, Sainte Catherine de Sienne avec une roue percée de pointes, l’épée de Saint Paul, la chevelure somptueuse de Marie-Madeleine mais elle partage cet attribut avec Sainte Marie l’égyptienne ! 

Il faut être capable d’identifier la scène : ex. Qu’est-ce qu’une nativité ? Quel évangile en parle ? Qui est Vénus ? Mercure psychopompe ? 

Des livres indispensables :
- Une Bible

- Lucia Impelluso, Dieux et héros de l’Antiquité , collection guide des arts , Hazan, 2003.

- Un dictionnaire biblique : Jean Pierre Hammel et Muriel Ladrière, La culture occidentale dans ses racines religieuses, Hatier, 1991

Ou Gaston Duchet-Suchaux, Michel Pastoureau,  La Bible et les Saints,  Flammarion, 1994.

S’il s’agit d’un portrait le travail sera de présenter le personnage représenté. Et d’en proposer une courte biographie

3. La composition : la façon dont le peintre a organisé son sujet

À la Renaissance, les artistes cherchent à inscrire leur sujet dans des figures géométriques, dans des lignes de construction plus ou moins complexes qu’il faut repérer.

S’il y a une représentation en perspective, identifier les points de fuite c’est à dire le point imaginaire où convergent toutes les lignes du tableau (pas les verticales qui sauf effet de contre plongée sont parallèles au bord de l’œuvre). Il peut y avoir plusieurs points de fuite. C’est plus facile lorsqu’il y a une architecture  (intérieur d’une « annonciation » par exemple)

4. Les différents plans de la composition

- Le lieu de la scène représentée (intérieur, extérieur)
Ex.  un décor naturel : Masaccio et la scène du tribut,
Un décor inspiré de l’antiquité et le cortège des mages de Ghirlandaio,
Une ville médiévale dans la fresque du bon gouvernement à Sienne.

- L’architecture où s’inscrit le sujet doit être décrite avec précision. On utilise le  même vocabulaire que pour un monument réel, surtout à la Renaissance où les formes inspirées de l’Antiquité doivent être nommées avec précision: fronton, chapiteau ionique, corinthien… arcs brisés, en plein cintre.

5. La couleur.

- Les fonds : avant la Renaissance, l’or est utilisé pour suggérer « l’espace du paradis »
L’or peut servir aussi pour imiter des ornements des tissus précieux. Cette habitude se perd au cours de la Renaissance.

- La palette peut être chaude : par exemple chez des peintres comme Lorenzo Monaco ou Fra Angelico qui sont aussi des miniaturistes, on repérera les bleus à base de Lapis lazulli. Chez Masaccio ce sont des couleurs plus froides.




III. L’ANALYSE DE L’ŒUVRE

1. Le style du peintre

Quelles sont les influences qu’on peut voir ?
                Les peintres italiens du XIIIe siècle sont influencés par les Byzantins et leurs icônes.
                Fra Angelico a une formation de miniaturiste : cela aide à comprendre son goût pour les couleurs vives et fraîches. Botticelli a d’abord été un orfèvre et un graveur : cela se voit quand on observe l’importance du trait dessiné dans ses œuvres…

 C’est la biographie qui fournit ces renseignements.

Ici on peut dire à quel mouvement, à quelle école, les historiens de l’art le rattachent (les livres vous fournissent l’indication en général).

2. Quelle est l’attitude des personnages ? Quels sentiments expriment-ils ?

- Observer les gestes, notamment les mains, le mouvement des corps souligné par les drapés : surprise, effroi, acceptation de la volonté divine pour les Vierges des annonciations, piété pour les rois mages qui se prosternent devant l’enfant, brutalité des soldats qui assassinent dans les massacres des innocents
Il n’y pas de règle méthodologique. Les cas sont infinis. Un seul principe : regarder l’œuvre et chercher le mot juste.

- Les expressions : Beaucoup de saints et saintes sont représentés de façon hiératiques chez les peintres d’avant la Renaissance. Pour les peintres de la Renaissance, repérer ce qui les humanise, notamment l’expression du visage.

- Qu’est ce qui rend la scène dramatique, intimiste, solennelle ?  Penser à l’éclairage : d’où vient- il ? Est- il fort ou faible ?

- Le mouvement : comment l’artiste suggère-t-il un mouvement ? Rôle des drapés, des cortèges, des lances dans une bataille

3. Les symboles, les interprétations

C’est vraiment une chose par laquelle il faut finir et non pas commencer !

- Il y a des symboles connus : par exemple la crèche de la nativité qui est un temple antique en ruine pour suggérer la disparition du monde païen. Il faut toujours être prudent se méfier des guides touristiques et aller vérifier dans les livres d’histoire de l’art qui proposent des interprétations ;

- Les tableaux qui semblent complexes se lisent bien si on connaît la référence mythologique (c’est le cas du Printemps de Botticelli qui est l’illustration d’un poème d’Ovide)  ou le texte biblique.



Surtout ne pas se lancer dans une interprétation symbolique sans avoir vérifié ce que disent les historiens d’art!

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